Reaction de Jean-Louis CHAVOILLON aux sifflets pendant la marseillaise
L’entretien de Michel Platini, président de l’UEFA et ancien capitaine de l'équipe de France, sur le site internet du Monde, estimant que les sifflets qui ont accompagné La Marseillaise avant le match France-Tunisie ne sont "pas une insulte à la France" mais uniquement l'occasion d'une récupération politique sont totalement irréalistes.
Extrait :
« Que pensez-vous du tollé politique qui a suivi les sifflets de La Marseillaise, mardi 14 octobre, au Stade de France? Il y a trente ans, quand je jouais avec l'équipe de France, La Marseillaise était sifflée sur tous les terrains. Mais à l'époque, les politiques ne s'intéressaient pas au football et ça ne choquait personne. Aujourd'hui, c'est devenu une obligation pour un homme politique, en fonction de son étiquette, de se positionner. Une fois encore, le football est pris en otage par le monde politique car cette histoire de sifflets est devenue une affaire politique qui n'a rien à voir avec le sport. Je ne vois pas dans les sifflets qu'on a entendus au Stade de France un manque de respect ou une insulte à la France mais simplement des manifestations contre un adversaire d'un soir, en l'occurrence l'équipe de France, que l'on veut battre. Dans d'autres occasions, je suis certain que les mêmes jeunes qui ont sifflé La Marseillaise, mardi soir, chantent l'hymne national quand l'équipe de France dispute un match de l'Euro ou de la Coupe du monde."
Malgré l'autorité morale incontestable de M. Michel Platini, quelques remarques objectives s’imposent :
1° Il est du devoir du politique de débattre des sifflets entendus pendant la Marseillaise lors de tous les matchs contre des équipes du Maghreb. Dès lors, qu'il s'agit d'un comportement ouvertement hostile à une nation et à ce que représente son hymne - et non pas d'une simple manifestation d'esprit sportif, comme M. Platini feint de le croire.
2° Il s'agit d'un facteur sociopolitique majeur, indicateur de la cohésion d’une nation que l'on doit prendre en considération. Il ne s'agit manifestement pas d'une prise d'otage par le politique, mais d'une réaction nécessaire - et d'ailleurs tardive et faible - à un problème de société inquiétant : celle de la définition même du respect du à son pays d'accueil ou au pays dont on a la nationalité.
3° Le sport n'est pas un monde parallèle, abstrait du reste de l'univers, politique, économique, social... Les dirigeants sportifs en sont conscients lorsqu’ils vendent les droits de retransmission de leur sport; ils se présentent en modèles pour l'éducation et le développement des jeunes, voir en modèles de société. Il n’est donc pas étonnant que le sport fasse donc partie du débat politique.
4° Il est temps de regarder la réalité en face. Dans les années 70, les mêmes motivations hostiles (politiquement et socialement) que ceux entendus dans le cadre de match contre les pays du Maghreb, n'avaient aucun caractère politique. Mais peut-être M. Platini s'est-il arrêté à la période où il connut son heure de gloire...
Jean-Louis CHAVOILLON
Président de l’A.P.Ré