Crise politique en Belgique et rapprochement Wallonie-France

Publié le par A.P.ré. (Frédéric Guyonnet)

 

 

Tout le monde a en tête les dernières élections fédérales du 10 juin 2007 qui ont eu lieu en Belgique et la difficulté qu’on eut les belges à former un gouvernement.  Cette grave crise de plusieurs mois, sur un fond de profond désaccord communautaire entre Flamands et Francophones a laissé des traces. Un accord obtenu plus de six mois après les élections, en décembre 2007, a mis un terme (provisoire) à cette crise par la mise en place d'un gouvernement "transitoire" dirigé par le premier ministre sortant Guy Verhofstadt. Le 20 mars 2008, après 9 mois de négociations, Yves Leterme devient premier ministre et le nouveau gouvernement est installé.

Que se passe t’il vraiment en Belgique ?

Le Royaume de Belgique couvre une superficie de 30.528 km² avec une population d’environ 10.500.000 habitants. Elle est composé de deux principales régions. L’une néerlandophone au Nord appelée Flandres (58% de la population) et l’autre francophone au sud appelée la Wallonie (34% de la population). Une petite partie est germanophone à l’est.

Le territoire a basculé au cours de l’histoire tantôt du coté autrichien, tantôt du coté français,  tantôt du coté néerlandais, tantôt du coté allemand.

En 1830, la Belgique voit le jour pour faire tampon entre les différents pays (France, Angleterre, Allemagne, Pays Bas…).

La Belgique est devenue un état fédéral en 1994. Elle a trois langues officielles : le néerlandais (59% de la population le parle), le français (40 % de la population le parle) et l’allemand. La difficulté commence bien là. Pour représenter la Belgique à l’internationale, un membre de chaque communauté est désigné. Cette situation a amené des moments burlesques. Le francophone ne parlant pas le flamand et le flamand s’obstinant à parler flamand ou anglais plutôt que français.

 

 

Les Wallons plus nombreux au départ vont subir de plein fouet la seconde guerre mondiale. Lors de l'attaque allemande en mai 1940, certains régiments flamands font défection. Les soldats flamands faits prisonniers le 28 mai 1940 sont libérés et vont préférer collaborer. Les soldats wallons seront eux maintenus en captivité. La natalité va chuter en Wallonie alors que les flamands vont pouvoir continuer à faire des enfants.

La Belgique est secouée par une montée de nationalisme flamand depuis les années 1960 et un mouvement wallon très vif dans les années 1950-1990. Le pays est régulièrement l’objet de réformes institutionnelles donnant plus d’autonomie aux régions et communautés pour parer au sécessionnisme prôné par certains partis flamands sous la pression du Vlaams Belang (Parti politique d’extrême droite nationaliste flamand). Ce mouvement est aujourd’hui le deuxième parti de Flandre avec 18,99 % de vote aux élections de 2007. Outre ce dernier, les partis chrétien-démocrate et socialiste flamands se présentent chacun en cartel avec un parti nationaliste mais démocrate.

Du coup en Flandre, les partis nationalistes sont nettement majoritaires.

Les tensions continuent et les francophones s’installant du coté flamands sont réprimés. Beaucoup de francophones décident de partir vivre en France pour fuirent cette situation.

Face aux revendications séparatistes de la Flandre, les « rattachistes » wallons reprennent du poil de la bête. L'idée d'un rattachement de la Wallonie à la France - jadis utopique - apparaît désormais comme l'ultime recours pour nombre de Belges francophones en cas d'éclatement de la Belgique.

La subite émergence de ce projet, jusqu'alors défendu par une poignée d'irréductibles, est révélatrice du lent éclatement de la Belgique sous l'impulsion des indépendantistes de la Flandre.

La France pourrait elle alors rêvait de retrouver des départements supplémentaires ? L’histoire se souvient :

« Nulle part ailleurs on n'entend battre tant les cœurs pour la France », disait Georges Pompidou. Parce que souvent, alors que s'écrivait l'Histoire, on a pu croire que la Meuse était un affluent de la Seine. Liège s'est ainsi débarrassée de son prince-évêque trois semaines seulement après la prise de la Bastille. Et si, en 1914, l'armée française a pu stopper l'offensive allemande sur la Marne, elle ne le doit pas seulement aux taxis du même nom, mais aussi à Liège, dont la défense avait retardé les troupes du Kaiser aussi longtemps que possible. Ce qui lui a valu, honneur rarissime pour une ville, d'être décorée de la Légion d'honneur par Raymond Poincaré en 1919.

La Wallonie ne sera jamais un Etat, plaide Claude Eerdekens (chef du groupe socialiste francophone à la Chambre ), c'est une région au même titre que la Bretagne ou la Picardie.

D'autres commencent à l'envisager avec lui. Comme le président du Parti réformateur libéral (PRL), Louis Michel, qui déclare dans une interview : « Si, à un moment donné, j'ai le choix entre le cul-de-sac wallon et la France, je choisis la France. » Jean Gol, son prédécesseur à la tête du PRL, exprimait différemment son mal-être, qui allait répétant « je ne mourrai pas belge ». Il est pourtant mort belge, il y a deux ans, beaucoup plus tôt que prévu.

Cependant, le groupe social-chrétien n’est pas d’accord : « Nous ne voulons pas devenir des Corses du Nord ! » s'est exclamé Jacques Lefèvre, leur chef de file à la chambre.

Les universitaires ne se prononcent pas sur le degré de rapprochement avec la France ; en revanche, ils sont les premiers à dire aussi clairement que l'indépendance flamande se fera sans Bruxelles, si elle se fait.

Certains wallons sont clairs :

"Oui, oui, oui, qu'on nous rattache vite à la France, notre pays de culture. (...) Les Wallons regardent la télé française, lisent des livres et la presse française."

"Nous sommes séparés de la France par les accidents de l'histoire politique et militaire. Nous sommes français de culture. (...) Notre avenir est en France."

"La France, c'est notre culture, c'est la même envie farouche de liberté, de dépasser le politiquement correct petit bourgeois (...) Quitte à déplaire, je me sens plus à l'aise à Paris qu'à Bruxelles."

(source : http://www.lejdd.fr)

Au final, pour résumer ceux qui veulent ce rapprochement :

Historiquement, il n’y a pas eu de Belgique avant 1815 et en 1830, un Etat tampon fut créé de toutes pièces. L’âme d’un peuple, c’est sa langue, sa culture, ses racines.

Il n’y a pas de langue belge, pas de racines historiques communes entre la Flandre et la Wallonie.

Il y a simplement un Etat-Belgique créé de toutes pièces pour servir de tampon entre la France, l’Angleterre et l’Allemagne.

La Wallonie ne doit pas attendre que la Flandre la quitte pour se préparer, elle se doit d’assumer son destin et de le prendre en main. Un jour, il n’y aura plus d’Etat belge et donc plus de Belgique. Une Belgique résiduelle n’aurait pas de sens, notamment au point de vue socio-économique.

Si un jour cela devait se concrétiser, la France devrait se préparer également à cette réunification.

Affaire à suivre…

Frédéric GUYONNET

Publié dans Dossiers

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D
Ayant fait du commerce dans la zone Bénélux de 1990 à 2002 avec un importateur flamand, il faut bien reconnaitre que les flamands font tout pour arriver à une séparation avec les wallons ! Il me déclarait qu'économiquement les flamands entretenaient les wallons, et qu'ils étaient comme nos arabes ! C'est dire que la fracture est presque impossible à réduire ! Et je pourrais citer beaucoup trop de déclarations de ce genre ! L'avenir est sombre pour la wallonie...!
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X
Je trouve que tu vas un peu vite en besogne !<br /> <br /> D'une part, un éclatement de la Belgique et à fortiori un rattachement de la Wallonie à la France ne sont pour le moment que pure fiction géopolitique.<br /> <br /> D'autre part la Belgique n'est pas réellement un état créé de toutes pièces comme l'étaient la Yougoslavie ou l'URSS mais un état né de l'alliance de plusieurs peuples ayant lutté ensemble pour leur indépendance.<br /> <br /> Enfin, précision utile, le rejet du Français a des origines plus profondes : en tant que langue parlée à la cour, elle a longtemps "ouvert les portes" du commerce et de l'aristocratie.<br /> <br /> De fait, les Flamands qui parlaient le français se sont considérablement enrichi par rapport à ceux qui ne maitrisaient pas la langue engendrant ainsi un fort ressentiment envers eux et envers la langue Française.<br /> <br /> Les changements démographiques ainsi que l'appauvrissement relatif de la Wallonie par rapport aux Flandres comme évoqués dans l'article ont en effet exacerbé le ressentiment en question.<br /> <br /> Pour palier à ces problèmes, les gouvernements successifs ont augmenté le pouvoir des régions pour satisfaire aux désirs de reconnaissance de chacun mais aujourd'hui, cette politique atteint ces limites et si l'éclatement de la Belgique fait encore partie de la politique fiction, il leur est urgent de trouver des solutions fortes pour recréer une unité nationale conforme à leur devise.
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